Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog de Babasse
7 janvier 2010

Hé oui.

    Je ne suis déjà plus professeur des écoles, d'ailleurs je ne l'aurai été que quelques jeudis en maternelle. J'ai apporté à l'instant ma lettre de démission au directeur de l'IUFM.

    Je suis arrivé solennellement dans ce lieu riche en émotions, perdu quelque part à l'ombre des échangeurs de Bonneuil-sur-Marne. La neige et le soleil d'hiver l'avait rendu inédit et aussi chargé de symboles que la raison de mon ultime visite. C'est ici que j'ai passé mes oraux victorieux et vomi mon 1500 mètres, mais c'est aussi ici que j'ai bu plus tard des thés à la menthe au goût amer, en racontant à qui voulait encore l'entendre mes difficultés et mon moral en berne, tout en subisssant d'une oreille fatiguée les témoignages plus ou moins sereins des autres collègues. C'est ici aussi, dans les salles de cours, que j'ai rongé le frein de mon ennui profond, de mon écoeurement d'angoisse face à l'année d'étudiant de trop. Décidément je reste à la case stagiaire. Ca me colle à la peau.

    Et oui finalement, comme d'habitude, je n'ai qu'entrevu le métier. J'ai essayé d'analyser devant le directeur les raisons qui me poussent à tout plaquer déjà.
     Déjà, c'est mon problème d'angoisse. Mais si je dis ça je ne dis rien. Si les instits ont réussi à surmonter leur angoisses ça ne veut pas dire qu'il pourraient surmonter n'importe quelle angoisse. Ce ne sont pas des Dieux (quoique, à mes yeux...). Demandez à un bon instit du jour au lendemain de piloter un avion de ligne. Je ne crois pas qu'il se dirait: allez, il faut se faire violence, ça ira mieux après, etc. Toutes proportions gardées c'est pourtant le sentiment réel que m'a fait ressentir l'angoisse au moment de prendre pendant trois semaines une classe de CM2. Reste à expliquer pourquoi.

    Je vous livre en vrac, dans le désordre donc, toutes les raisons qui ont constitué la toile de fond de mon échec et qui m'ont poussé vers la sortie:

      La difficulté à trouver des idées d'activité et à les planifier, l'impression d'être noyé dans les contenus, la difficulté à organiser mon travail, à distribuer mes tâches dans le temps, la difficulté à canaliser et garder calme les élèves toute une journée, la difficulté à travailler en rentrant à la maison, l'impression d'être pris par le temps, la difficulté à me motiver, la dépréciation par rapport aux autres PE2, le manque de confiance, la pression établie par l'institution, la difficulté à entamer un long chemin de croix de peut-être plusieurs années avant la sérénité promise, la difficulté lié à l'embrouillement, le vrillement dans mon cerveau à force d'empiler des strates d'informations, d'injonctions, plus ou moins contradictoires, l'usure mentale liée à ce vrillement du cerveau, la difficulté à prendre du recul, à me projeter dans le long terme, à penser aux jours où je pourrai profiter des vacances scolaires, de la retraite, la difficulté à relativiser tout ça, à ne pas le prendre trop au sérieux, la difficulté à être seul face à 24 élèves des journées entières, à décider seul, à être enfermé dans une classe (étant un peu claustro sur les bords, ça se passait mieux dehors, en motricité, à la récré), etc.

    Je ne vous cite pas tous les bons souvenirs, tout ce qui pourrait me faire regretter de partir, vous comprenez bien pourquoi. En tout cas, parmi toutes les difficultés citées, il n'y en a pas une qui ne m'ait traversé l'esprit pendant mes trois années (à temps plein hé oui) passées à tenter le concours. Alors pourquoi ai-je cru pouvoir quand même les surmonter ? Parce qu'on cherche tous à s'améliorer, à progresser, à se dépasser, c'est le moteur de la vie. Ma manière à moi de progresser est assez particulière. J'avance d'un pas, je recule de deux.

   Et puis parce que je ne me connais pas encore très bien. J'ai une capacité phénoménale à me mentir, à m'entourlouper. Est-ce aujourd'hui que je me mens à moi-même en essayant de justifier encore mon énième reculade ? Ou était-ce tout au long de ces trois années de révision dans la virtualité du métier de professeur des écoles ? Affaire à suivre. Les aventures artistiques de Babasse continuent...

Publicité
Publicité
Commentaires

le blog de redim

Publicité
Archives
Publicité