Les enseignements de La Loupiote
Je ne m'attendais pas à un concert facile, j'ai été servi. Dès le discours d'introduction j'ai bien senti quelques timides sourires tout le contraire d'entendus: chez les inconnus du public comme chez les camarades de l'IUFM. Au dernier passage à la Cave Poésie, au même moment, un monsieur du premier rang avait déjà le fou-rire. Edifiant. Et instructif. A chaque public suffit sa peine !
Les tenanciers m'avaient en quelque sorte prévenu: à La Loupiote il faut de la musique festive. Les gens qui viennent ont avant tout envie de prendre une bière et discuter avec les potes. On ne vient pas ici pour voir un spectacle. On vient pour boire des coups en musique. Et puis, l'enivrement aidant, les musiciens s'échauffant, tout le monde finit par dansouiller avec enthousiasme.
Ce ne fut pas le même scénario. Tout le monde ou presque papotait ça c'est sûr. Et si je parvenais à capter l'attention une ou deux chansons par ci par là, j'avais la fâcheuse impression de décevoir les attentes. Quelques petits tubes tout de même, mais dans l'ensemble c'est comme si l'assistance ne me trouvait pas sympathique, ne prenait pas mes textes au second degré comme il se devait. Juliette m'a expliqué aussi qu'à plus de deux mètres de l'estrade, les paroles devenaient inaudibles... Dès lors je ne pouvais chanter que le mythe de Sisyphe !
Cet échec était totalement prévisible. Mais je me rends compte que je me sens quelque part plus proche du concert festif de bar que du spectacle assis à textes. Donc je crois que je vais faire évoluer mes chansons vers un concept plus Boby Lapointe:
- Des paroles qu'on suppute intéressantes et subtiles et qui ont même superficiellement un attrait.
- Des paroles qu'on peut mettre de côté pour se laisser entraîner par un accompagnement sautillant et gai.
Donc vous voyez j'espère l'évolution de l'escargot:
- j'ai résolu le dilemme beau/comique: l'un n'empêche pas l'autre.
- je suis dans les dilemme péchu/mou, et bourrin/subtile.
Et puis j'ai envie de jouer en groupe de plus en plus, comme un retour aux sources de la pop étudiante avec en modèle parmi les modèles: le vieux Tom Waits, toujours aussi beau et dans le coup à mes yeux. Celui qui vous fait croire qu'on peut rester éternellement jeune sans refuser de vieillir. Tout le contraire de Mick Jagger.