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Le Blog de Babasse
18 janvier 2007

Annegarn/Murat: encore deux dépressifs !

J'ai loué à la discothèque deux artistes français dont le dernier album se rejoint par divers points communs: Dick Annegarn et jean-Louis Murat.

Tous les deux vivent reculés à la campagne: Annegarn à une heure de Toulouse dans le Comminges, et Jean-Louis Murat je ne sais pas mais je crois que ce doit être en Auvergne (il est de là-bas). Si j'ai bien compris leurs paroles, Murat a dû subir une rupture douloureuse et une bonne déprime concomittante. Annegarn, lui, vieux garçon homosexuel avait déclaré récemment à France Inter que le sexe pour lui c'était du passé. On ressent dans ces dernières chansons un certain désespoir lié au vieillissement solitaire et à une ménopause forcée. Voilà donc deux disques qui se rejoignent par leur poésie sombre et en même temps éclairée: car la mélancolie est lumineuse et le desespoir est aussi porteur de renaissance, de nouveau départ. Les deux albums sont inégaux et pour le coup sont bien campés dans le "je" dont j'ai (trop?) évoqué l'excès à mon goût dans la chanson française actuelle. Et pourtant le talent des deux chanteurs (Murat je n'ai toujours aimé qu'une chanson sur deux de lui, alors que Annegarn est un de mes dieux) force le respect.

Car malgré tout Dick Annegarn sait poétiser, universaliser, décontextualiser son point de vue égocentré. Exemple 1:

Ma mémoire a des déboires/ Me souviens plus très bien/ J'ai dû faire trop la foire/ Fêter trop de festins//
Chaque soir lune noire/ Je pense à nos histoires/ Bois de houe ou bois de haie/ De quel bois Pierre est fait//

Pierre, Pierre, c'est quand même fou/ Cette folle idée que Pierre est parmi nous/ Pierre, Pierre, tu te trouves où/ Tu n'as qu'à m'appeler, mon Pierre, voyons-nous//

Par ailleurs, Annegarn savait avant raconter comme personne des tas d'histoires de gens vécues ou non. Il a beaucoup vécu, voyagé, changé d'air de lieux de vie. On saisit dans les chansons de ses deux derniers albums qu'il s'est posé ou que s'il continue de voyager (je ne suis pas un intime non plus) il en perd les buts. (Dans "Maman, Maman": Parti pour pays Ouïgour/ Qui m'attend personne/ Parti pour Kirghizistan/ C'est qui m'attend?).

Il essaie pourtant de garder une touche d'exotisme et de mondialisme dans "L'eau est là":
L'eau est là/ Ca se voit dans les yeux des enfants/ Et des vieux d'Essaouira/ L'eau est là/ Ca s'entend dans les voix des bergers qui saluent l'étranger/ Que l'eau est là//
Il n'y a pas si longtemps/ Secheresse dans la plaine/ Aussi sec et cassant que la porcelaine/ Rien ne pousse plus, aucune plante ne résiste/ Dans un tel cagnard dans un tel sinistre//

On a beau se dire qu'on a à faire à une allégorie de l'angoisse et de la peur de la vieillesse et de la mort, n'empêche: le tour de force c'est de donner l'impression qu'il "a le droit" de parler des enfants d'Essaouira. Y'a-t-il été ? Sans doute. En tout cas même moi qui suis allé au Burkina Faso par exemple (bon, seulement un mois) et bien je n'oserai jamais assumer de faire ce genre de "world name dropping".

Chez Dick Annegarn tout passe parce qu'on aime le personnage en entier: c'est une voix et on écoute ce qu'il a à nous dire, sans jugement. Voilà encore un album de dépressif (rappelez-vous c'est cette généralisation-là qui me gonfle) mais celui-là me touche vraiment.

Demain je vous parle donc de l'équivalent chez Jean-Louis Murat.

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