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Le Blog de Babasse
14 novembre 2006

Tapis dans l'ombre (1bis et 2/3)

Hé oui comme l'a fort justement remarqué juliette, j'ai oublié de mentionner qu'après avoir désespérement tapé le tapis avec ma raquette de tennis sur le parking, j'ai tenté d'aspirer la poussière avec notre fringant quasi-neuf aspirateur, qui s'en est ettouffé littéralement sur place et a manqué de rendre l'âme, avant que je réalise qu'entre l'étendue infinie du puit sans fond, et un petit sac de papier totalement déplié, il y avait un écart insurmontable. Donc, j'ai roulé le tapis, etc, fin de l'acte I bis.

Alors, les mois passant, juliette, qui n'est pas la dernière pour pointer du doigt les incohérences de notre gestion logistique quotidienne mais pas la première non plus pour tenter d'y remédier, nous pris pourtant par la main, un beau jour de ce mois de novembre, vendredi dernier matin, la mort dans l'âme mais pleine d'énergie vitale, résignée et résolue à sacrifier une matinée ou plus de son jour de congé des 80%, pour aller tenter une aspiration de la dernière chance dans une station service dont elle supputait la puissance des aspirateurs pour voiture.
Nous voilà donc avec notre gros tapis lourdingue, que nous étalâmes de manière volontaire sur le bitume, empoignant chacun un tuyau accordéon aspirant, après avoir englouti quelques euros dans nos fentes respectives. Juliette était à fond, rigoureuse dans ces gestes, méthodique, tandis que je passais mollement mon engin entre les fleurs, le long des tiges au hasard. Avec ses deux euros elle avait déjà dépassé la moitié du tapis alors que je ne savais même pas où j'en étais. Elle râla contre moi mais elle crut bien avoir résolu enfin le problème, quand, tapotant le tapis de quelques coups de pieds elle jura que la poussière résiduelle venait du dessous, etc, CQFD. Intérieurement je me disais (intérieurement pour ne pas me ramasser une nouvelle volée de bois vert): "qu'elle vienne du dessous ou du dessus, il reste quand même de la poussière..." Pour la convaincre que nous n'avions de loin pas la partie encore gagnée, je flanquai mon plus beau coup de pied (ce coup de patte légendaire qui fit ma renommée au cours de mes huit ans passés au Paris Université Club, et bien que selon les dires de ma mère je ratasse mon rendez-vous avec le football) au puit sans fond qui, de nouveau, comme si absolument RIEN ne s'était passé, cracha son habituel nuage de poussière marron.
Pour Juliette l'affaire était entendue. Poubelle!  Mais moi je trouvai alors l'occasion de retrouver une place de meneur des opérations, et un regain d'énergie s'empara de l'idée qui m'apparut lumineuse de laver le tapis à gros jets comme le faisaient là-bas ces endimanchés sur leur bagnole. Juliette renacla mais céda, je courus retirer 5 euros de jetons lavage, et c'était parti, bouton savon puis bouton rinçage puis sêchage lustrage... Tout ce qu'on a remarqué finalement c'est qu'on avait engorgé le tapis avec un liquide mousseux dont l'odeur se méla à la solution d'eau vaseuse et puante résultante du tapis. Ce dernier avait pris une bonne dizaine de kilos, et nous gagnâmes quelques grammes par essorage improvisé en roulant-déroulant le tapis quatre-cinq fois. Alors nous empoignâmes le monstre, juliette, au pris d'un effort démesuré et d'un rictus de douleur atroce, parvint à le soulever cinq centimètres au dessus du sol. Elle me rendit pourtant une fière chandelle, c'est dire si je n'en menais pas beaucoup plus large. Quant à savoir comment nous parvinmes à hisser le tapis gorgé d'eau sur le toit de notre belle mais déjà baptisée Opel Astra Break blanche, mystère. Le monstre était tellement lourd, et nous n'avions pas de sangles, si bien qu'il resta ainsi tout le trajet du retour, échoué sur le toit, dégoulinant tout ce qu'il pouvait de liquide marron sur la carrosserie et les fenêtres de la voiture.

De retour chez nous, nous trouvâmes un dernier semblant d'énergie pour étendre le tapis sur le capot, et profiter des derniers rayons du soleil. Le soir, je me trempai un pantalon, un pull, et un front de sueur pour rouler et ranger le cadavre dans le cellier. Du sang se mit à couler sous la porte. Avant de me coucher je ne pus m'empêcher de descendre pour vérifier que nous n'avions pas provoqué un dégât des eaux dans la cave. "Ca ne sêchera jamais", affirmait juliette. Après avoir juré avoir eu la bonne idée de le laver, je sentais mon étoile pâlir.

D'autant plus que le lendemain, il se mit à pleuvoir. Fin de l'acte II.

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Commentaires
D
Comme tout le monde j'attends la suite des aventures du tapis....<br /> C'est du Keaton ce truc...<br /> Encore une façon de vous dérouler le tapis rouge...<br /> Don Pépé
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M
Rire et fou-fou-rire, Max passe et s'étonne? moi: "je lis le blog de Sébastien" j'ai lu le deuxième acte avant le premier, mais celà n'a pas d'importance. On vous imagine si bien avec ce monstre-tapis. C'est pas tous les jours qu'il arrive de pareilles aventures. Vous ne devez pas regretter vos 5O euros plus les 8 ou 9. Non seulement Sébastien tu faiS rire tes lecteurs, mais j'imagine aussi l'amusement des observateurs sur place et sur vos trajets dégoulinants. Un spectacle humoristique offert...Merci à vous deux. Ou étaient les enfants?
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U
j'adresse toutes mes félicitations à la fine équipe et attends avec impatience et le zygomatique en alerte la suite de ce récit hilarant.
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