Un succès et un déclic
Du grain à moudre pour toute la semaine, les amis: le bilan de ma prestation à une énième scène ouverte à La cave Poésie, c'était hier soir vers 23h00, après plus de six heures de voyage en train avec les gosses, bref un dimanche dans les annales.
Je vous avais caché ça pas vrai ? J'ai comme à chaque fois rencontré un certain succès, en deux fois dix minutes, d'abord dans une salle en bas, puis en haut (ils ouvrent les deux quand il y a du monde). Mais j'étais programmé dans la dernière partie et les rangs étaient de plus en plus clairesemés.
J'ai franchi un cap. J'ai réussi à me ménager ce que j'appelle une "marge de manoeuvre", à savoir une certain pouvoir au moment d'interpréter, et une capacité à rebondir, improviser, analyser, dévier, recentrer, recadrer, sans foncer droit devant tête baissée.
Je reste conscient des progrès à faire et de l'étendue de l'expérience scénique encore à acquérir mais j'ai trouvé mon processus palliatif: je joue de mon niveau actuel, je me sers de mes erreurs plutôt que de les subir. Pourquoi devoir atteindre et attendre une hypothétique perfection qui ne viendra jamais ? Où situer le niveau acceptable de technique et de qualité ? Je n'ai jamais su travailler l'instrument, je n'aime pas travailler pour progresser, hors du contexte. J'aime travailler sans m'en rendre compte.
Bref, ma révélation est celle-ci: si j'ai les doigts qui tremblent je n'essaie pas de le cacher, car je vais de toute façon me planter. Si j'oublie des paroles, je me sers de cet aléa plutôt que de l'éviter. Pourquoi? Parce que je suis pas près d'être assez pro pour limiter les dégâts. Alors je le répète à chaque fois: merde au professionnalisme.
Vous me direz que j'ai déjà évoqué le sujet. C'est vrai mais hier j'ai ouvert une nouvelle porte.
Attention: je ne généralise rien. Mon cas est mon cas. Et dans mon cas voilà la solution que j'ai trouvé à un problème récurrent. La seule chose vraie dans mon envie de me produire sur scène, c'est cette envie justement. Rien ne doit entacher et entamer cette envie. Et certainement pas le sentiment d'illégitimité technique ou même artistique.
Il faut juste toujours éviter la fausseté de l'échange, du contrat, avec le public. Ne pas chercher à le flouer. Demain j'illustrerai ces propos avec des exemples concrets.