La rencontre musicale
Il n'y a rien qui m'émeut plus qu'une chanson de McCartney.
Pourquoi? Parce que ce réflexe émotionnel est lié au temps bienheureux de l'enfance.
On a tous un rapport et une réponse à la musique différente, lié à notre environnement musical passé et présent. Nous, européens, sommes généralement familiers de la mélodie telle qu'elle découle directement de notre histoire. Pourtant nous pourrions très bien n'écouter que des bruits de portes, ou du free jazz, à échelle de masse, à la radio, partout. Oui on peut aisément imaginer s'écouter des bruits de porte au walkman dans la rue, avec le même plaisir simple que si c'était Madonna. Tout est question de culture et d'histoire sociétale et individuelle. La mélodie européenne n'est pas l'essence primitive du plaisir humain lié à la musique.
Heureusement nous aimons quand même le rythme et le métissage, et nous acceptons volontiers quelques intrusions bizarroîdes au sein d'un canevas familier. Mais point trop n'en faut. Que la chanson ne dépasse pas trop les 4'22, tout de même ! Quand on commence à s'ennuyer, où qu'on sent les poils qui se hérissent, bon sang mais n'est-ce pas là aussi digne d'intérêt? Je ne dis pas qu'il faut se forcer à écouter ce qu'on déteste. Je dis qu'on doit questionner ces émotions-là aussi. C'est même surement passionnant de dépasser ses émois, ses pulsions automatiques, pour aller chercher au fond de soi et dans la matière écoutée ce qui fait que la rencontre musicale a été celle qu'elle a été.
Comme dirait mon grand frère: "j'ai le droit de ne pas aimer".
Aujourd'hui je dis: "j'ai le droit de dire que tu aurais pu aimer".
Même si ça n'avance à rien, ça fait du bien de le dire.