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Le Blog de Babasse
9 janvier 2007

Roman

II

Au détour d’un bosquet, ils prirent le sentier qui descendait et ser-pentait sur le flan abrupt de la colline. De petites fleurs jaunes et violettes ponctuaient le défilé monotone des ronces et des chardons qui bordaient la progression apparemment tranquille de nos deux héros. Ces derniers n’avaient pas encore croisé les premiers hameaux annonçant la jeune et anarchique métropole coloniale. Pourtant au loin on apercevait déjà l’imposant clocher de Notre dame de la Flûte, et la trouée monumentale de l’avenue de la Gloire. A la vue des échappées de fumées ici et là, témoignant d’une activité en constante évolution, on croyait bien sentir les effluves épicées du grand marché ou l’odeur acre du goudron mâché.

Splendide Colonville ! Non pas l’architecture bâclée des grands boulevards, ni le style vulgaire du palais présidentiel, mais cette harmonie du bâti érigé à la va-vite, cet enchevêtrement des ruelles du faubourg, où virevoltent et se mêlent le peuple des nantis comme celui des maudis.

Le brouillard s’était peu à peu appesanti sur le haut des toits, à mesure que la fraîcheur timide du soir envahissait les passages ombragés. Les deux randonneurs maintenaient leur bon pas à quelques lieues de là, deux ombres malmenées dans la rocaille touffue du Mont Poilu. Lorsque l’obscurité envahit toute la vallée, un feu scintillant couronna le bois là-bas un peu plus haut, rapidement éteint après un souper frugal, sur les coups de huit heures. Franz s’éloigna un instant fumer une dernière cigarette devant l’immensité sombre, aperçut quelques oiseaux de proie éparses, entendit une chouette et le cri d’un geai, ainsi que le murmure voilé d’un ruisseau alentour. Lorsqu’il s’allongea à son tour, l’homme qui lui servait de chef avait déjà enclenché un sommeil ronflant.

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