Wide open
Désolé pour le retard, j'étais de permanence à la crêche ce matin. Qu'est-ce que j'ai à vous dire d'intéressant, moi, voyons , voyons... En plus j'entends Zadig qui refuse de faire la sieste et qui me titille les nerfs de sa chambre... grrr... En ce moment j'ai décidé d'arrêter la fessée en plus. Je tente d'amorcer une évolution zen de ma part dans son éducation, pour voir si c'est plus efficace.
Hier je vous promettais d'ouvrir mon discours, des thèmes un peu plus "wide open", mais il ne suffit pas de regarder sur arte un documentaire sur la conclusion cataclysmique de la deuxième guerre mondiale au Japon, pour être capable d'en discourir intelligemment. Il y avait des images d'archives assez hallucinantes et totalement irréelles. Je crois que depuis le 11 septembre et la fusion entre réalité et virtualité cinématographique, je ne suis plus capable de compassion et de ressenti face à des images de violence extrême. Je n'y crois pas. Je dirais même que j'étais bien, en regardant ce documentaire. J'avais le sentiment de m'instruire, en mangeant mon petit plateau fromage, accompagné d'un verre de vin, pendant que mes chiards adorés s'enfoncaient délicieusement dans un sommeil profond, et bien que j'imaginais Juliette le ventre noué en réunion.
En ce moment je lis peu les journaux, j'écoute vaguement la radio en faisant la vaisselle, je ne lis pas de livres ni d'ouvrage, bref ma nourriture n'est pas très intellectuelle, ni culturelle aussi de quoi vais-je parler dans mes chansons si ce n'est de mon environnement proche, et de thèmes ancrés dans les représentations du ressenti intérieur. Pourquoi pas me direz-vous peut-être ? Oui et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je m'oriente progressivement vers le conte pour enfants. Univers très fécond qui fait appel à un imaginaire en partie désolidarisé de la réalité actualisée du monde et des gens. Autrement dit, vu que les personnages peuvent être des animaux humanisés, et vu que je ne me place pas dans le sérieux de la politique, des échanges économiques, des grands fléaux humains, je n'ai plus de complexes.
Au marché aux disques-livres de Saint Cyprien du lundi, j'ai acheté le dernier disque de Jacques Brel, qui s'ouvre sur la chanson "Jaurès". Voilà typiquement le genre de chanson que je ne saurai jamais écrire: un discours engagé ancré dans un réalisme historique et social. Et pourtant j'aimerais vraiment composer des sortes d'hymnes avec du souffle.
J'aimerai pouvoir varier les thèmes et qu'ils soient moins étriqués et repliés. Mais en suis-je capable? Sans doute que non. Ou alors sur le mode du pastiche.
Pour re-féconder, enrichir, diversifier, mon univers artistique je vais me lancer dans l'onirisme enfantin. Comme je l'ai déjà dit: emprunter les codes, les signes, les symboles du monde de l'enfant même si en fin de compte cela s'adresse avant tout aux adultes. Je pourrai jouer sur les deux tableaux, au gré de mes envies et pour ne pas devenir un Henri Dès de plus.