L'apparition du 4 pistes

Après la guitare, l'achât d'un quatre pistes à cassette a été ma deuxième révolution artistique. Je crois que c'est l'objet technique que j'ai le plus idolatré. Je devenais ainsi musicien, producteur et ingénieur du son. C'était en 1987 je crois. J'ai entamé là mon processus solitaire de composition et d'enregistrement, en parallèle avec mon frère qui enregistrait de son côté. A l'époque je chantais soit en yaourt soit en Français. La première cassette aboutie ressemblait à un mélange Souchon-Téléphone. Les thèmes abordés retraçaient mon quotidien, le collège, la télé, mon cochon d'Inde,... On y décelait déjà ma propension aux paroles plaintives, derrière le vernis enfantin ("5 jours je m'lève vers 8 heures / 5 jours j'avale mon chocolat / 5 jours je grignote mes toasts / J'ai déjà mis mon compte à rebours / J'attends déjà mon week-end / Des heures à user des feuilles / Des heures à user mon temps...). A partir de là, les trois quarts de mes productions solo furent pessimistes à quelques rares exceptions près.

Dans cette première cassette, baptisée "Sébastien Le Vaillant: Solo", je jouais de la guitare, de la fausse basse, du synthé, de la batterie en carton, le tout avec une excitation suprême, car le 4 pistes était une machine formidable qui permettait d'être un groupe à moi tout seul, et d'enregistrer enfin de "vrais" albums. Sur un des morceaux, j'avais même été jusqu'à recréer une chorale entière en empilant les prises.
La musique et les paroles étaient assez naïves, très pop rock classique, mais pas du tout en place au niveau du rythme. A l'époque je n'avais pas la même rigueur qu'aujourd'hui, mais heureusement que je suis quand même allé au bout sans me décourager. Et un certain Julien, rencontré en 4ème, me fit de nombreux compliments. Il allait quelques années plus tard me faire rentrer dans son groupe de rockabilly. Entre-temps il y eut ma mutation pop anglo-saxonne.