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Le Blog de Babasse
18 juillet 2006

Les années Presqu'île (1983-86)

Dans le genre épanchement artistique débridé, mon premier groupe fut un excellent tremplin. Nous étions en vacances en Bretagne entre cousins quand on a décidé un jour de retourner nos seaux et de taper dessus avec les pelles, tout en vociférant ce qui nous passait par la tête. Le tube de l'époque disait: "Quand on va se coucher/ Les mères nous font chier/ Quand on va se coucher/ On fout l'bordel complet". J'ai tellement aimé l'idée du groupe qu'avec deux autres on a décidé de poursuivre "l'aventure". On s'est isolé un peu, on s'est assis en tailleur derrière nos "percussions", et on a enregistré notre première cassette, baptisant ainsi notre power trio: "Presqu'île".
J'improvisais n'importe quoi, des histoires et des mélodies presque tribales, et mes deux cousins suivaient comme il pouvaient, reprenant certains leitmotiv ou en inventant d'autres. C'était tout à fait inaudible, mais très intéressant à créer: dans l'instant, comme on enregistrait, et que j'allais ensuite dessiner la pochette de la cassette et la réécouter des dizaines de fois ensuite, il y avait une certaine pression, car on jouait donc pour la postérité (tout allait rester sur bande). J'avais pour ma part déjà une certaine idée et une obsession de la perfection, à savoir coller à l'objectif que je m'étais fixé au départ, même s'il était authentiquement bidon et dussé-je en bacler les qualités.
Ce même été 1983 (j'avais 10 ans et mes accolytes quelques années de moins), on s'est produit en concert sur le perron de la maison louée, devant les tatas les tontons et les grands-parents. Succès mitigé... Mais c'était pourtant dans ma tête aussi sérieux et digne d'intérêt que tout ce que j'ai pu faire après. Tout comme le duo vocal créé avec un autre cousin du côté de mon père cette fois. Il y avait dans cette cassette de "Séba & Dona", sorte de Simon & Garfunkel enfants, parmi les plus belles chansons, à mon sens, que j'ai jamais écrites, mélange de naïveté littéraire et de fautes syntaxiques savoureuses... "Le chemin de pierre sert à ton grand-père/ Mon dieu ça sert à faire taire" ou "L'accident/ A quoi on n'voudrait pas s'y fréquenter/ L'accident/ Ca se passe très vite/ L'accident, l'accident..."

Bref à l'époque j'osais toutes les formes avec liberté et gourmandise.

Le groupe "Presqu'île" a duré quelques années, à raison de deux cassettes par an, enregistrées chez les uns chez les autres. A la fin je préparais à l'avance les paroles et les musiques. Finalement on fonctionnait comme un groupe de jazz: un album enregistré d'une traite, improvisé sur un canevas de base. Volets et porte fermée, ne manquait plus que le LSD!
Les instruments se perfectionnaient: un bontempi ou un meuble en fer imitant des percussions électroniques. Dans la dernière cassette en 1986, j'ai introduit la guitare, cette fameuse césure, mon passage à l'âge adulte artistique. Et puis, les membres du groupe préférant aller jouer sur le parking plutôt que de jouer de la musique,  j'ai décidé d'y mettre fin et me lancer dans une carrière solo. Pour la petite histoire, Quentin, le clavier de Presqu'île est devenu skipper de voiliers. Nicolas, 6 ans aux débuts du groupe, et qui jouait de la batterie, en a fait son métier.

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