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Le Blog de Babasse
6 juillet 2006

Faiseur d'illusions

En fait j'ai eu des révélations récemment. J'ai vu il y a quelques années un spectacle de marionnettes. Les marionnettistes avaient construit un décor sommaire en carton pâte, et ils actionnaient des personnages sans technicité particulière. En gros, ils jouaient aux playmobils devant nous. Et bien je n'y croyais pas au départ, mais je suis rentré dans l'histoire, l'illusion a grossit, s'est créée, et a fonctionné. J'ai vécu l'histoire (presque) comme si j'avais vu un film sur grand écran dans une salle obscure. Autre exemple, la b-d: récemment j'ai lu une bd de Sfar, dessinée (avec talent) à la va-vite, avec une certaine nonchalence et spontanéité. Là aussi, l'illusion a fonctionné, et j'ai vécu l'histoire. C'est fascinant. Alors où s'est exercé le talent de l'artiste et son savoir-faire ? Ces exemples ne montrent évidemment pas que chacun peut créer l'illusion, comme ça avec deux bouts de ficelle. Ils montrent qu'on n'a pas besoin de grands renforts d'artifices et que l'art minimaliste peut avoir autant d'ampleur que l'art maximaliste.  En l'occurrence le savoir-faire des marionnettistes et de Johann Sfar, s'est exercé par l'écriture du scénario, la mise en scène ou mise en dessin, le jeu d'acteur ou le jeu de pinceau. Et surtout par une envie vibrante de créer l'illusion. Autrement dit quand on veut on peut.

En tout cas ça me donne envie de me remettre à la bd. mais je sais que je créerai avec peine l'illusion, et surtout: qui va vivre l'illusion en lisant ma bd, et qui va me le dire? C'est curieux comme je bute sur un os, parfois, dans ma démarche d'artiste. C'est comme si je voulais être capable de vivre en tant que mon propre spectacteur l'illusion ou la beauté que j'ai essayé de créer. En tout cas, sans un "retour sur investissement", en quelque sorte, je ne suis rien.
Autre exemple: a propos de bd, j'en faisais qu'en j'étais petit. Personne ne les lisait vraiment. J'avais plaisir à créer une collection comme Lucky Luke. Rien que pour moi. Et puis un jour un camarade de classe en a lu, et m'a demandé la suite de l'histoire, et encore la suite. J'étais survolté, surmotivé. J'avais réussi à créer l'illusion et l'attente. Je suis devenu alors surproductif et certainement plus inspiré.

L'entrave je crois dans ma démarche d'artiste, c'est une idée de niveau de technicité que je m'impose à chaque fois. Pour la bd, j'aurais du mal à m'y mettre tant que je n'aurais pas la technicité de tel dessinateur que j'admire au moment où je m'y mets. Pour la musique c'est pareil. Si je parviens à être productif depuis quelques années, sans trop de frein lié à la frustration et la déception, c'est que j'estime avoir atteint une technicité de base suffisante et donc un résultat qui me satisfait (en partie). Et je réécoute souvent mes disques en m'y croyant. Mon rêve c'est qu'un jour on me dise: "tes chansons sont importantes dans ma vie, s'il te plaît continue d'en faire ne serait-ce que pour moi". Ne me blâmez pas pour cet égocentrisme exacerbé, j'ai le mérite de l'avouer sans pudeur, non? En tout cas ne le prenez pas comme un appel du pied.

Le fait est qu'en tant qu'artiste, je n'ai encore jamais eu le label "Faiseur d'illusions", le diplôme qui sanctionnerait des années de pratique.

Demain je vous parle de mes premières rares expériences scéniques en solo dans les scènes ouvertes toulousaines.

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Commentaires
D
Raconter des "histoires" (vraies ou inventées), voilà bien l'essentiel de l'artiste toutes disciplines confondues.<br /> Ce billet raconte des histoires et on marche...bravo <br /> <br /> Vivement les histoires de scènes....
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