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Le Blog de Babasse
5 juillet 2006

Plaisirs directs et indirects

Mais revenons un peu sur les émotions de la réception artistique. Prenons un exemple.

Au cinéma:    a)Comédie: le rire me détend, l'humour me semble beau parfois, et lorsqu'il est associé à des tranches de vie dans des films cela me fait aimer la vie et embellit la réalité. Ces impressions peuvent avoir des influences durables sur le plaisir à vivre de situations du quotidien.
              b)Drame: on n'est pas si loin du rire. Pleurer ou rire devant un film ont à voir avec l'empathie envers les personnages, les situations. On "rentre dans l'histoire" comme on dit, c'est donc de la vie par procuration, de la vie virtuelle, avec toute sa palette d'émotions.
              c)L'oeuvre: le cinéma n'est pas que faiseur d'illusions, il est aussi oeuvre d'art et par la mise en scène, la photo, l'écriture, engendre aussi des émotions de plaisir du beau, qui va de pair chez moi avec ce que j'appellerai le "souffle aux poumons", une sorte de vague de plaisir qui me submerge. Pour ressentir ce souffle il me faut entrer en résonnance avec le propos artistique (propos au sens large et pas seulement langagier). (Nota bene: Cette résonnance n'est pas partagée au même moment par tous les individus. Mais nous en reparlerons.)
Mais l'émotion n'est pas que le souffle entraîné par la résonnance. Car le cinéma et d'autres arts font aussi réfléchir ou vagabonder l'esprit, et par entraînement de proche en proche, vous font atteindre un bien être simple lié à la flânerie sprirituelle ou alors quelque chose de plus fécond, un état de réflexion intense qui peut vous faire totalement sortir du film.

Ainsi un spectacle ou une oeuvre d'art ne me procurent pas que du plaisir direct. La joie engendrée sera passée par des plaisirs indirects liés à la réflexion et au baguenaudage intellectuel. Mais aussi d'autres plaisirs indirects engendrées par le contexte du spectacle, le lieu, l'environnement humain,...

L'oeuvre a donc plusieurs portes d'entrée, sans parler des effets retardés: on a pu ne pas prendre de plaisir et en prendre les jours qui suivent, par maturation de l'impression du spectacteur.

En conclusion, j'ai pour objectif de produire un spectacle au maximum de portes d'entrée, et qui tentera d'utiliser une large palette de résonnances différentes chez le spectateur. Plaisirs directs et indirects. Rire et pleur. Souffle aux poumons et vagabondage spirituel.

Mais je serai sur scène. Et ce sera de la chanson. Et je ne m'appelle ni Robert Hossein, ni Jeff Buckley. Autrement dit, abordons demain, le charisme de l'artiste, le processus qui parvient à faire naître la matière, l'illusion, donc l'attention, donc le plaisir du spectateur.

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Commentaires
F
ok, a oui, c'est vrai, il y a quelques temps, au couvent des cordeliers, a eu lieu une exposition rempli de vide : il y avait un médiateur, un public et des commentaires. <br /> Arguments de cette exposition : l'art est une rencontre fait de rencontres, donc inutile de montrer d'autres objets. Comme beaucoup d'autres, cette exposition s'inscrit dans une histoire. Ainsi, elle aussi fait référence à Duchamp, qui lui proposait des "ready made"
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B
et raconte l'expo où il n'y avait rien d'exposé !
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F
Oui, ici, d'une certaine manière, ta recherche me semble effectivement liée à la démarche des artistes de la scène de l'art contemporain.<br /> <br /> Ou du moins, plus à celle-ci, qu'à celle d'une démarche de "musicien pure et dur" qui ne ferait "que" des disques et des concerts.<br /> <br /> Je n'ai pas énormément d'exemples de performance sous la main mais je m'en souviens de de deux, dont une qui ressemble à un concert :<br /> <br /> 1) Sous la forme d'une chanteuse et d'un guitariste, deux artistes contemporains ont ainsi performé à l'abbaye. Le pubic était assis sur l'herbe, calme, dans l'attente des petits fours. Elle a chanté/crié et bougé. lui est resté calme. il a gratté sa guitarre. elle a dansé d'une manière non académique. (ce n'était pas de la danse classique, ni de la dance, ce n'était pas non plus de la danse moderne, ni du rock ou du punk. C'était plutot des mouvements corporels, non réguliers, ni saccadés, liés au son de la guitarre raisonnante dans le parc, à l'espace, à son corps, aux réactions du public, qui est resté agenouillé sur la pelouse, mais qui aurait pu, me semble-t-il, partir ou intervenir, et ainsi, agir sur cette perormance, proposée dans un contexte exotique et institutionnel, pour y participer, la prolonger, y couper court, ou la transfomer.<br /> <br /> 2) Une jeune femme déguisée sous un costume de gorille s'est déplacé dans le palais de tokyo, passant de salle en salle, et regardant les oeuvres d'autres artistes. La représentation de cette performance était particulière : le public était dans une salle qui diffusait, dans la première partie, cette perfomance filmée. <br /> Ainsi, alors que la performance avait lieu (en direct ou en différé ? mais avec une impression de direct puisque le public rentrait dans cette salle après avoir visité l'ensemble de l'expo ) la fin de la video montrait que le gorille rentrait dans la salle. <br /> Là, la performance devenait ainsi une performance en direct sans aucun doute pour le public de la réalité de ce gorille, pourtant particulier et faux, sans souci de support de diffusion non plus, ou plutot avec une transformation de ce dernier et également avec une transformation du rapport que pouvait avoir le public avec l'ensemble de l'exposition.
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B
d'ailleurs, tu montres que je reprends une tendance d el'art contemporain. et si tu nous décrivais un peu les performance squi t'ont plues ou déplues ces derniers temps (histoire d'engager le dialogue)
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F
Salut Sebastien !<br /> <br /> Sur la scène de l'art contemporain qui est liée à toute formes de supports , d'espaces, de médias, de production, de post production, plus ou moins hybrides, certains artistes, critiques, journalistes parlent de "performance" pour caractériser certains "spectacles".<br /> <br /> Caractérisé de cette manière, est ce que ce terme rend le spectacle plus charismatique ? Plus contemporain ?<br /> <br /> Est ce que caractérisé de cette manière, le spectacle s’en trouve transformé ?<br /> <br /> Mais peut-être que c’est plutot le spectacle qui change de forme, donc de nom. Non ?<br /> <br /> françois
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