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Le Blog de Babasse
3 juillet 2006

Matt Pokora vs Bénabar

Personne n'oblige personne à être créateur novateur. Chercher l'inédit, expérimenter, échafauder de nouvelles matières musicales, étant pourtant l'objet de notre propos, il est normal que nous nous attardions sur ceux qui font oeuvre de nouveauté. Nous n'oublions pas pourtant que nombre de talents, génies, ont nagé ou survolé des genres déjà usés et éculés, comme par exemple feu Jeff Buckley.

Où est la novation (nous emploierons ce terme moins usité que innovation qui sonne un peu trop monde de l'entreprise) à l'heure actuelle dans la musique populaire française ?
Personne ne me contredira: ni dans la profanation du cimetière du rock que je ne cesse de déplorer, ni dans le revival trad-titi parisien, ni dans la (déjà dit) fausse nouvelle chanson française.
Quelques têtes novatrices sortent de la mélée: Camille (pour son approche débridée),Bashung (pour la foisonnance poétique et le lyrisme) et Katerine, donc, parce qu'il bouscule les codes de la narration et de la composition dans la chanson (voit le dernier album). Ces trois-là, dans des voies différentes, font avancer la chanson française vers un mieux-être, à mon sens.
L'autre novation majeure, est évidemment à la croisée des chemins du rap, de l'électronique, et de la black music. L'électro "blanche" est devenue chiante et est retournée dans l'underground. Le rap, même s'il a suivi l'évolution du son, n'a pas su évoluer je trouve. Enfin le RnB est né et c'est une soupe infâme mélangeant chant de divas soul noires américaines, accoquinées avec des rapeurs qui font peur, sur un fond sonore électronique.

Mais c'est ce fond sonore qui m'intéresse. Ecoutez Matt Pokora, petit minet franchouille plébiscité par les très jeunes. Rendez-vous compte alors de ce qu'est devenu la bande son de la jeunesse. Un truc très bizarroïde, un beat désarticulé, saccadé, des sons de machine étranges qui façonnent pourtant un morceau à danser. Un sacré boulot d'arrangeurs et d'expérimentateurs, derrière l'incurie du propos du chanteur.

Qu'on le veuille ou non, la vague de la novation est là: dans la tessiture, les textures, le squelette, du morceau. La composition n'a plus les mêmes codes. Sur une évolution mélodique simplissime et rabâchée, les arrangeurs font évoluer la chanson par des ruptures de rythme, par un jeu de chaises musicales sonore. On enlève on retire, on ajoute, au paysage, et on crée ainsi un autre mode de déroulement harmonique.
Le numérique et l'electronique ont le pouvoir du son. C'est un cliché de dire que cela n'enfante que la froideur. Ceux qui disent ceux-là refusent de modifier leurs réflexes auditifs. L'électronique progresse.

Mais pas que l'électronique. L'apport des nouvelles technologies permet aussi de triturer des sons de la nature, de modeler avec facilité et une infinie variété le son qui nous entoure où que l'on crée.

La novation n'a pas que la dance, la techno, le beat dans son sac. Le novateur veut sortir d'un carcan classique usé jusqu'à la corde de guitare. Le couplet-refrain-couplet-pont-etc., le thème de la chanson (comment Bénabar a-t-il pu écrire écrire une chanson sur le thème ultra-méga-éculé du "si on mangeait une pizza plutôt que d'accepter l'invitation de nos amis"), les mélodies et les arrangements sans un coin qui dépasse,... J'en passe.

Tant de passages obligés! Rien ne doit être systématique. Je ne prône pas un nouveau système. Je veux qu'une certaine minorité s'exprime, et j'aimerai que la population ouvre ses oreilles pour la comprendre.

Oui je choisi Matt Pokora plutôt que Bénabar. Leurs deux propos sont également insignifiants. Mais l'une des bandes-son est affreusement réac, l'autre est progressiste. Qu'on ne s'y trompe pas. Si vous cherchez la novation, à tout époque: écoutez les radios de jeunes.

Demain, rassurez-vous nous aborderons la voix et le propos.

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